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Un fait d'armes méconnu des chouans du Bas-Anjou et de Haute-Bretagne

 

Menés par de Sarrazin et ses compagnons d'armes, les chouans du segréen effectuèrent en juin 1794 une incursion en Loire-Inférieure. Ils massacrèrent le 7 juin (19 prairial an II) une trentaine de républicains à Riaillé et détruisirent l'installation des forges et du haut fourneau. A Bonnoeuvre, le 10 juin (22 prairial), ils tendirent une embuscade aux soldats républicains du général Vachot basés à Candé. Puis anéantirent le 12 juin (24 prairial) le cantonnement de Montrelais avant de détruire les installations de la mine. Le lendemain, une partie d'entre eux se laissa piéger par les grenadiers de l'adjudant-général Decaen, adjoint du général Vachot, qui l'encerclèrent dans le bois de Rougé non loin de Candé.

Les historiens locaux ont dissocié les deux destructions de sites industriels. Ils pensaient que l'action menée contre Riaillé n'était qu'une vengeance pour des exactions commises par la Garde Nationale locale à l'encontre des rescapés de Savenay. Ils accordaient généralement la paternité de l'action contre Montrelais aux chouans du segréen de de Sarrazin et celle contre Riaillé à ceux de Palierne du district d'Ancenis. Or, ce dernier venait tout juste de quitter Stofflet, de traverser la Loire et de rejoindre de Scépeaux à l'abbaye de Pontron ! Ils oubliaient le combat de Bonnoeuvre ou le minimisaient car l'information républicaine concernant cette embuscade n'était pas aux Archives départementales, mais, au Service Historique de l'Armée de Terre à Vincennes plus difficile d'accès aux chercheurs de la Loire-Atlantique et de Maine-et-Loire.

Ce document a pour but de faciliter à travers la lecture des textes extraits des Archives publiques la compréhension de la motivation des chouans du segréen à se joindre à ceux, peu nombreux à l'époque, des districts de Châteaubriant et d'Ancenis, les conséquences de leur action, de rappeler les évènements que vécurent les habitants de Riaillé, Bonnoeuvre et Pannecé entre 1794 et 1798 et de permettre aux passionnés de l'histoire de Riaillé de retrouver facilement les documents d'origine.

Vous trouverez les sections de la carte de Cassini situant la zone des combats à :

http://chouannerie.chez.tiscali.fr/images/217_Cassini_SE.jpg

http://chouannerie.chez.tiscali.fr/images/217_Cassini_SO.jpg

 

Le massacre des 28 patriotes de Riaillé du 19 prairial de l’an II [7 juin 1794]

Extrait de l’Etat Civil de Riaillé

Nous René Chollet officier public préposé pour l’exécution de la loi du 20 septembre 1792 dans le territoire de la commune de Riaillé, département de la Loire-Inférieure, district d’Ancenis, sur la déclaration qui nous a été faite par les veuves des ci-dessous dénommés assassinés par les Brigands qui vinrent dans le bourg le samedi 29 prairial et y massacrèrent :

1) Mathieu DESVALLETS, gendarme, 28 ans mari de Marie Leconte

2) Louis BECHU, gendarme, 35 ans, mari de Marie Guillois

3) Julien QUENELLE, gendarme, 46 ans, mari de Marie Guais

4) Louis JEAN, gendarme, 35 ans

5) Etienne BLANCHARD, marchand, 45 ans mari de Marie Coudoux

6) Jacques GUERIN, boulanger, aubergiste et Officier Municipal, 47 ans, veuf de Jacquette Letort (ancêtre des familles Denion-Delanoue)

7) Mathurin RENARD, taillandier, 57 ans, mari d’Etiennette Thiéry

8) Julien GENOIST, tailleur, 30 ans, mari de Julienne Levesque (ancêtre de la famille Brégeau tailleurs à Riaillé)

9) Jan BERTRAND, compagnon tailleur, veuf d’Anne Alin

10) René BONDU, tisserand, 35 ans, mari de Marie Cruau

11) Louis AUBIN, grêleur, 30 ans

12) Victor BESNARD, 36 ans, Officier de Santé

13) François GOUGEON, laboureur à bras, 32 ans, mari de Isabelle Bouillé

14) Urbain POUPARD, cordonnier, 30 ans, mari de Jeanne Ouary

15) Pierre DAVID, journalier, 35 ans, au bourg

16) Pierre COULOU, journalier au bourg

17) François PIAU, laboureur à boeufs, 43 ans, mari de Perrine Philippe, à l’Aufraisne

18) Julien PAGEOT, taillandier, 50 ans, mari de Marie Coquelet à l’Aufraisne

19) Joseph MONNIER, couvreur, 30 ans, mari de Marie Ribalet du Bois Laurent

20) François LECONTE, laboureur à bras, 29 ans, mari d’Anne Victoire Guillet du Bois Laurent

21) Mathurin GUILLARD journalier, 53 ans, mari de Jeanne Meulevet à la Jardière

22) Julien COUPERIE, laboureur à bras, 30 ans, à la Houssais

23) Michel BLIN, aubergiste, 60 ans de St-Mars la Jaille

24) René THOMIN, maçon, 28 ans, mari de Marie Duclos de St-Mars la Jaille

25) Mathurin MARTIN, aubergiste, 30 ans, mari de Renée Hourdeau de St-Mars la Jaille

26) François GILLIER, marchand, 29 ans, mari de Françoise Piton de St-Mars la Jaille

27) GUILLET, marchand de boeufs de la Chapelle-Glain

28) Abraham Bernardin LEMARIÉ, cultivateur et commandant de la Garde Nationale de Riaillé, 43 ans, mari d’Anne Françoise Poullain, décédé le 5 messidore [23 juin] de la suite de plusieurs coups de feu et autres coups reçus des Brigands le 19 prairial.

[Le commandant de la Garde Nationale de Riaillé n’était pas un simple cultivateur comme, à son décès, le laisse supposer l’état civil de l’an II. Originaire de Saint-Sulpice-des-Landes (L.-I.), il était, d’après ses descendants (familles Guitard - Hugé - Jubineau), avoué à l'Evêché de Nantes. D'après l'abbé Trochu, il aurait été, avec Chollet, l'un des principaux acquéreurs des biens nationaux de Riaillé. Sur le Registre Paroissial, au 19 juin 1787, figure son mariage avec Anne Françoise POULAIN, fille du sieur René Poulain, maître en chirurgie. Il est spécifié que le noble homme Abraham Bernardin LEMARIÉ était seigneur de la Marzelle et fils de Charles LEMARIÉ sieur de la Dannetière et de dame Françoise GÉRARD de la Garenne. Une légende familiale, transmise de génération en génération, prétend qu’il fut mortellement blessé par un coup de feu tiré de l’extérieur à travers la bonde d’un évier le jour du massacre du 19 prairial!.. Jacques GUERIN était le beau-frère de Jacques LETORT, Maire de Saint-Mars-la-Jaille, fusillé le 16 décembre 1793 par les chouans. D'après ses descendants, Jacques Guérin fut assassiné dans sa boulangerie (arrière salle de l'ancien café Delanoue du haut du bourg de Riaillé), l’auberge qu’il y tenait en parallèle s’appelait " L’Ecu de France "]

 

Pétition adressée le 19 prairial de l'an II  par le corps constitué de la commune d'Ancenis au général Charlery commandant de la force armée à Ancenis :

ADLA, cote L575

Avec tes connaissances locales, tu as sans doute senti la position terrible de ce canton, le nombre de ses ennemis grossit, les hommes qui avaient paru faibles ou chancelants jusqu'à ce jour se déclarent hautement pour eux, tu as été informé que 41 patriotes de Riaillé avaient été ce matin égorgés, que la brigade gendarme était du nombre et que chaque jour et chaque nuit sont depuis longtemps marqués par de nouveaux massacres; dans le nombre des brigands qui se sont portés aujourd'hui à Riaillé ont été reconnus un nommé Meignan, un Coquereau, un ci-devant Comte de la Ferronnaye et sa femme, un nommé Bouchet un de leurs anciens domestiques. (...)

 

Le Directoire du District d’Ancenis se réunit en séance extraordinaire le 20 prairial à 11:00 du soir et fit un compte-rendu dont voici le début :

ADLA, cote L278

Citoyens, nous sommes dans la position la plus critique. Nous n’avons pas du pain pour 3 jours; pour combler nos maux, les Chouans désolent nos campagnes, égorgent les patriotes, ravagent leurs maisons et forcent les autres de marcher avec eux. Nous sommes à la veille de la récolte et si l'on n'apporte pas un prompt remède, elle sera au pouvoir de nos ennemis. Hier, ils se sont portés au bourg de Riaillé, y ont massacrés tous les gendarmes du lieu et 30 autres patriotes, se sont répandus dans tous les villages, ont enlevé tous les chevaux et ânes qu’ils ont pu trouver. Ils vont se porter sans doute sur les autres communes, ils prennent des forces et le nombre se grandit. Hâtons nous donc, Citoyens, de prendre des mesures vigoureuses (...)

 

Lettre du 23 prairial an II  [11 juin 1794] du général Vachot au comité du Salut Public :

SHAT, cote B5-17

Liberté - Guerre aux chouans - Egalité

Candé le 23 prairial de l'an II de la République Française une et indivisible

Le Général Vachot, commandant en chef des troupes réunies contre les chouans, aux citoyens composant le Comité de Salut Public

 

Citoyens représentants,

Depuis longtemps, des brigands ravagent les districts de Segré, Candé, Ancenis et Angers. Je viens d'éprouver que ce qu'on disait à cet égard était vrai.

Je prends les mesures qui dépendent de moi pour les exterminer, j'avais même l'espoir d'avoir de bonnes nouvelles à vous donner à cet égard. Mais le nombre de ces scélérats a diminué mes succès. J'ai marché contre eux sur six colonnes, toutes ayant servi de marche pour la fouille du terrain. Hier, deux de ces colonnes se sont battues avec eux. Nous en avons tué un grand nombre, cependant je n'ai pu les débusquer du village de Bonnoeuvre où ils étaient retranchés; le nombre des tués de notre coté est d'une vingtaine d'hommes, nous avons autant de blessés. La position de ce village entouré de forêts est très avantageuse et la valeur des républicains n'a pas été douteuse. Dans cette affaire, reprise à deux fois par une colonne, elle a duré d'abord deux heures et la seconde trois heures; la fusillade a été opiniâtre. Il ne faut plus s'aveugler, représentants, sur la guerre à faire ici, les chouans n'exigeant que beaucoup d'intelligence et de zèle; là, il faut de l'intrépidité et des forces suffisantes. Je connais à présent, à peu près, la leur et je ne crois l'exagérer en la portant à 1.000 ou 1.200 leurs combattants dans les combats d'hier matin et je ne comprends pas de ce nombre plusieurs bandes répandues ça et là de 50 à 80 hommes. Je prends les mesures pour les attaquer le 25, s'ils veulent accepter le combat. Je l'eusse fait plus tôt, si les cartouches ne me manquaient pas. J'en demande à Angers, Ancenis et Rennes et je ferai tout ce qui dépendra de moi pour avoir de meilleures nouvelles à vous annoncer. Le très grand espace de terrain sur lequel mon commandement s'étend rend mes troupes insuffisantes pour pouvoir poursuivre cette horde de scélérats, établir des cantonnements dans les hameaux insurgés, enfin pour maintenir ceux qui ne le sont pas encore mais qui ne tarderaient pas à se réunir à ceux là.

Je crois donc indispensable d'augmenter mes forces de 6.000 hommes et provisoirement j'en demande trois au Général en Chef et je suis persuadé que s'il dépend de lui de me les fournir, il s'empressera de le faire. Permettez moi donc, représentants, de vous réitérer ma prière pour obtenir les 6.000 hommes dont j'ai besoin. Soyez certains que dans tous les cas, je ferai tout ce qui dépendra de moi pour purger le sol de la Liberté de ces monstres qui la déshonorent et dont la destruction totale sera toujours, pour moi, le vœu le plus ardent. Je les combattrai avec toute l'envie de les vaincre et avec de bonnes troupes ne vais-je pas me flatter de la victoire. Mais, veuillez ne pas perdre de vue les nouvelles forces que je vous demande. Croyez que je prendrais toutes les mesures pour exterminer cette Bande de Brigands.

Salut et Fraternité. Signature : F. Vachot

 

Lettre d’Auguste GARNIER, Directeur des Forges de la Provostière et de la Poitevinière et Maire de Riaillé, du 25 prairial an II  [13 juin 1794] :

ADLA, cote L564

La commune de Riaillé dans laquelle sont situés la forge de la Provostière et le fourneau de la Poitevinière, vient d’être pillée et désolée par les brigands, 32 hommes ont péri et 2 ont été blessés et mon fourneau de la Poitevinière, si nécessaire aux besoins de la République, que j’allais bientôt faire mettre en feu pour faire des boulets et obus, a été entièrement incendié par ces scélérats. Je voudrais bien pouvoir travailler de suite aux réparations de ce fourneau mais je ne peux commencer que quand il y aura quelque sûreté pour les ouvriers. Il faudra au moins 2 à 3 mois pour opérer ce rétablissement (...). Dans le nombre de chesnes abattus sur ma commune il y en a plusieurs, qui sont d’indispensable nécessité pour le rétablissement de mon fourneau. Il faudra aussi des planches de sapin pour faire d’autres soufflets. Je ne pourrai en trouver qu’à Nantes. Je demande que vous vouliez bien m’autoriser à en tirer de quoi en faire une paire de soufflets pour le fourneau.(...)

 

Lettre du 25 prairial de l'an II  de la commission de l'organisation et du mouvement de l'armée de terre au général en chef Moulin à son quartier général de Rennes :

SHAT cote B5-17

Je t'envoie, citoyen général, copie d'une lettre du capitaine de la Gendarmerie Nationale à Nantes qui annonce que, le 19 de ce mois, 5 à 600 brigands sont entrés dans le bourg de Riaillé, entre Nort et Ancenis et y ont coupé par morceaux les gendarmes de cette brigade et massacré trente patriotes. Cet officier demande que les brigades écartées soient réunies au chef lieu de district pour éviter qu'elles ne soient ainsi sacrifiées.

De semblables rassemblements ne devrait point exister s'il y avait plus de correspondance et d'accord dans le cordon que l'on a du renvoyer et établir à la rive droite de la Loire. Je ne puis trop te recommander de prendre les mesures les plus sûres et les plus militaires pour que de semblables évènements ne se renouvellent plus. Tu voudras bien me rendre compte de ce que tu auras fait pour la sureté de la rive droite de la Loire dont la défense t'est confiée.

Salut et fraternité. Signé L. A. Pille

 

Lettre des administrateurs du district d'Ancenis en permanence à ceux du département de la Loire-Inférieure du 25 prairial  II  :

ADLA cote L278

Frères et amis, depuis notre dernière lettre sur le fâcheux événement à Riaillé on a appris que les brigands ont coupé les soufflets, ce qui suspendra les travaux.

Nous avons dans la nuit du 23 au 24 éprouvé de leur part une catastrophe encore plus funeste, ils ont forcé et mis en déroute le poste de la mine de Montrelais composé d'environ cent soixante hommes, il en manque beaucoup, soit qu'ils ayent été tués ou qu'ils soient cachés, ils ont fait des prisonniers, du nombre desquels sont un lieutenant, sous-lieutenant et un sergent-major de la Sarthe, ce sergent major appelé Duhardas d'Auteville est parent du ci-devant vicomte Despaux chef des rebelles. Les machines et des maisons ont été incendiées par eux. Les ouvriers ont pris la fuite. Ceux venus de Nort par réquisition se sont réfugiés dans nos murs, on y amène les chevaux. Notre Garde Nationale a sorti ce matin, elle a été dans l'endroit, elle n'a rien trouvé, elle vient de rentrer. Elle alla le 22 à Mouzeil pour couper le chemin aux rebelles que des colonnes du haut devaient repousser. La chance a tourné, elles se sont repliées l'une dans notre cité, l'autre par Candé. Nous avons perdu des braves que l'on regrette (...)

 

Lettre du 27 prairial de l'an II  des administrateurs du district d'Ancenis aux administrateurs du département de la Loire-Inférieure avec copie au comité de salut public aux armées :

ADLA cote L278-50

(...) Le 19 de ce mois à quatre heures du matin les brigands se sont portés dans la commune de Riaillé, où il y a une forge à fer, fourneau et fonderie, où la république s'approvisionnait de boulets et autres fers pour Nantes, Lorient, Brest et Rochefort. Là ils ont égorgés trente patriotes, une brigade de gendarmes et tout mis au pillage. A la première nouvelle, les habitants d'ici s'y sont portés avec quelques hommes; l'ennemi n'y était plus; il était retiré dans les bois; le général Vachot fit marcher sur le champ une colonne de sept à huit cents hommes; elle fut repoussée et mise en déroute; Charlery instruit de cet échec fit retirer son monde. Les brigands fiers de leurs succès retournèrent deux jours de suite consommer dans cette malheureuse commune ce qui avait échappé à leur première invasion. Ils ont tout culbuté, brisé ou enlevé à cette usine précieuse; le vingt-quatre ils ont été aux mines à charbon de Montrelais; ils y ont surpris la garnison; ils en ont égorgés une partie et mis le reste en déroute; ils ont pillé des magasins, brisé, brulé les machines qui servaient à extraire des fonds l'eau et le charbon. Nous avons été voir les restes fumants encore de cet atelier si important pour la république qui était actuellement la seule ressource pour alimenter les arsenaux de nos ports et la Fonderie d'Indret. Nous avons vu nos frères égorgés sur les chemins et sur la mine. Nous avions des armes et on ne nous a pas fait voir l'ennemi, qu'on a réservé cette gloire aux troupes du général Vachot; il s'en faut bien que nous les croyons indignes de cet honneur, mais nous croyons devoir le partager avec elles. Nous n'entrerons pas dans le détail de l'expédition de ce général, il doit vous en instruire. Le mal est fait; il faut le réparer, il faut refaire ces ateliers dont dépend le salut de la patrie; il faut du fer et c'est-il sans matière pour le forger; le premier remède est le renouvellement de l'esprit public; il est bon à Riaillé et c'est son civisme qui a attiré sa ruine; mais aux mines on s'est endormi sur l'action des chefs; on s'est appuyé sur la nécessité d'avoir des ouvriers; on a conservé ceux qui avaient été aux brigands; on a nourri des serpents dans son sein. Quelle confiance peut d'ailleurs inspirer le reste de cette compagnie (...)

 

Lettre du Général en Chef de l'Armée des Côtes de Brest à la commission de l'organisation des armées de terre du 29 prairial an II  [17 juin 1794].

SHAT, cote B5-17

Les Brigands au nombre de 6 à 700, chassés par les mouvements du général Vachot, se sont jetés par une marche précipitée le 19 de ce mois sur la commune de Riaillé et y ont commis cet affreux assassinat. Le 22 le général Vachot les atteignit dans la commune de Bonne-Ouvre où ils étaient tellement en force qu'il ne put les débusquer.

Ces scélérats qui étaient disséminés dans trois ou quatre départements paraissent en ce moment s'être rassemblés et se montrent plus fort depuis que Montglone sur la rive gauche de la Loire est occupé par les brigands.

Le général Vachot est à leur poursuite, j'ai fait passer le vingt et un 300 hommes à Ancenis et Varades, j'ai, depuis, donné des ordres à 400 hommes de s'y rendre. C'est tout ce que j'ai pu ajouter aux forces qu'y a laissé le général Vineux.

Je n'ai point encore en ce moment l'état des 6.000 hommes qui doivent m'être remis par l'Armée de l'Ouest et certainement les forces restées dans cette partie ne montent pas à 6.000 hommes.

Pressez les réquisitions dans cette armée et des armes, nous porterons bientôt le dernier coup à ces scélérats.

Salut et fraternité. Vive la République. Signature : Moulin

 

[Pour comprendre, il faut connaître le rapport de forces entre les deux camps. La région de Riaillé était sous le contrôle de l'Armée des Côtes de Brest qui enveloppait sous sa protection, contre un possible débarquement anglais, les 5 départements bretons, la Mayenne et celui de Maine-et-Loire. Elle assurait aussi le maintien de l'ordre contre la chouannerie qui se développait depuis le printemps 1794. La répartition de ses effectifs, dans les rapports, variait d'un moment à l'autre, en fonction des évènements. La situation ci-dessous du 19 juillet 1794 a été établie à partir des informations données par les généraux des différentes divisions. Avec les délais de communication, de rédaction et de contrôle, elle doit correspondre à l'état des effectifs en mai / juin 1794. La situation globale de l'Armée des Côtes de Brest ne figure pas en octobre 1794 dans les archives du Service Historique de l'Armée de terre; par contre, des situations de divisions peuvent y être consultées pour ce mois. Par comparaison avec les précédentes, elles donnent un aperçu des problèmes que rencontrait l'Armée Républicaine, de l'importance de ses effectifs et finalement de l'efficacité de son quadrillage.

 

Situation de l'Armée des Côtes de Brest, en juin 1794, au moment des évènements de Riaillé et de Bonnoeuvre

SHAT, cote B5-125

Etat de l'Effectif des corps qui composent l'Armée des Côtes de Brest, à l'époque du 1er thermidor de l'an deuxième de la république (Extrait) :

Ille et Villaine : 21.172 hommes

Morbihan : 14.221 hommes dont 8.603 à Belle-Ile

Finistère : 11.686 hommes

Mayenne : 3.373 hommes

Côtes du Nord : 1.822 hommes

Loire-Inférieure : 9.549 hommes

Maine et Loire : 8.030 hommes

 

TOTAL : 69.253 hommes

 

Détails sur les forces à environ 20 km de Riaillé :

Ancenis : 3.970 hommes (Total sur la région)

- 729 hommes (1er bataillon infant.lég. Nantes)

- 15 hommes (canonniers 2ème bat. Côtes du Nord)

- 13 hommes (5ème reg. Artillerie détachement)

- 129 hommes (18ème reg. de cavalerie)

 

Montrelais :

- 85 hommes (22ème reg. infant. légére)

 

Mésanger :

245 hommes (1er bat. des Andelys)

 

Mauves :

- 127 hommes (1er bataillon de la Réunion)

 

Varades :

- 406 hommes (7ème bataillon de la Sarthe)

- 737 hommes (5ème bataillon du Bas-Rhin)

- 666 hommes (3ème bat. des Côtes du Nord)

 

Ingrandes :

- 81 hommes (Cie Franche de Seine et Marne)

- 737 hommes (2ème bat. de sapeurs, détachement)

 

Châteaubriant : 423 hommes avec Nort-sur-Erdre

- 45 hommes (2ème reg. de Cavalerie, détachement)

- 30 hommes (11ème reg. de Hussards, détachement)

 

Nort-sur-Erdre :

- 104 hommes (18ème reg. de Cavalerie)

- 244 hommes (bataillon d'Angers)

 

Candé : 5.137 hommes

- 692 hommes (2ème bat. de la Montagne)

- 152 hommes (chasseurs d'Evreux)

- 298 hommes (2ème bat. Valenciennes)

- 792 hommes (1er bataillon des Grenadiers Réunis)

- 1.056 hommes (6ème bataillon de la Somme)

- 590 hommes (2ème bataillon des Grenadiers Réunis)

- 300 hommes (92 ème reg. infant. 1er bataillon)

- 640 hommes (Chasseurs de la Charente)

- 475 hommes (8ème bataillon f. d'Orléans)

- 73 hommes (24 reg. cavalerie, détachement)

- 11 hommes (31ème division gendarmerie de Paris)

- 58 hommes (gendarmerie de l'Eure)

TOTAL : 9.530 hommes

 

[Les circonstances du raid contre Riaillé sont mal connues. Le général de Scépeaux, qui commanda les chouans de la rive droite de Loire-Inférieure et de la région de Candé du printemps 1794 à celui de 1795 et l’Armée Royale de Haute-Bretagne et de Bas-Anjou du printemps 1795 à celui de 1796, était un homme de convictions. Malgré les persécutions républicaines, il respecta le traité de paix de mai 1796. Il s'affilia à une loge maçonnique en avril 1805. Devenu maire de Bécon-les-Granits en 1808, il servit comme adjudant-général (colonel) dans l'Armée d'Espagne sous l’Empire et resta fidèle à Louis XVIII durant les Cent Jours. ("Le vicomte de Scépeaux, généralissime des chouans" Chanoine F. Uzureau revue Andegaviana A.D.M.L.).

Conscient des limites des possibilités de ses chouans, il ne les engageait pas à la légère et veillait à ce qu’ils se conduisent en soldats. Il n’hésita pas à faire exécuter trois d’entre eux pour brigandage. Le général d'Andigné lui reprochera, dans ses mémoires, d'avoir passé trop de temps à consulter ses chefs de divisions et d'avoir préféré le harcèlement des troupes ennemies à l'attaque de front.

A l'époque du massacre de Riaillé, de Scépeaux n'était pas encore général en chef. Il organisait et conduisait la révolte armée de Candé à Châteaubriant et le chevalier de Sarrazin, originaire d'Auvergne et rescapé de l'Armée Vendéenne, avait la prépondérance dans le Bas-Anjou (devenu de nos jours le Haut-Anjou sur les dépliants touristiques !). Après la mort de ce dernier, le 26 août 1794, Crissé de Turpin et de Dieusie le remplacèrent jusqu'à l'élection par les chouans de de Scépeaux comme général en chef au printemps 1795.

Du printemps 1794 à celui de 1796, les chouans de l'armée dite "de Scépeaux" ou du Bas-Anjou et de Haute-Bretagne exercèrent une pression royaliste sur les campagnes des régions de Châteaubriant, d’Ancenis, de Segré, de Châteauneuf-sur-Sarthe et de Château-Gonthier. Ils vivaient généralement en harmonie avec les habitants, à l’exception des personnes enrichies par l’achat des biens nationaux (Bourgeois, commerçants, cultivateurs aisés) dont ils exigeaient le paiement de la dîme et des fermages des biens des émigrés et de l’Eglise. Pour défendre leurs biens nouvellement acquis, les victimes du ‘racket’ se regroupèrent autour de la Garde Nationale, sorte de milice cantonale, mobilisable en cas de besoin, comme les pompiers volontaires de nos jours. Celle du canton de Riaillé devait comprendre une cinquantaine d'hommes dont quelques cavaliers et 4 gendarmes (voir ADLA L348, Rapport de la municipalité de Riaillé du 27 avril 1794 sur l'incident du bois de Bonnoeuvre).

Discrète jusqu’au printemps 1794, elle manifesta alors un certain zèle provoqué sans doute par de nombreuses plaintes dont celle de la municipalité de Joué-sur-Erdre qui demanda, même, le transfert de la gendarmerie de Riaillé au bourg de Joué-sur-Erdre pour protéger ses habitants des incursions des brigands (ce mot désignait à l’époque les chouans). Ci et là, dans les archives concernant la région de Riaillé, nous pouvons retrouver la trace de l’activité de la Garde Nationale de Riaillé:

 

D'après les historiens locaux, ce dernier incident aurait déclenché l'expédition de représailles contre la Garde Nationale de Riaillé. Le Docteur A. Rouxeau dans son livre Un Chef  Chouan du Pays Nantais "Palierne" attribue la responsabilité et l'organisation du massacre à son héros Palierne assisté de son beau-frère Barbot et de Jalet. Il fixe la jonction des forces de Palierne avec celle de l'armée des marches de Bretagne et d'Anjou au 4 juin 1794, soit trois jours avant la tuerie. Malheureusement, il ne fait que des hypothèses et ne donne pas de références. Palierne, dans ses notes, ne revendique pas la responsabilité de l'opération et, contrairement aux combats de Bonnoeuvre, de Montrelais et du bois de Rougé, il ne donne aucun détail sur la première opération.

La liste des suspects produite par le Commissaire du Directoire Exécutif, trois ans et demi après les évènements, ne fait état d'aucune suspicion à ce sujet. A l'exception d'un fils Fortin qui facilita l'entrée des brigands dans le bourg de Riaillé, il ne dénonça personne. Cela exclu, à priori, la présence parmi eux de nombreux combattants des paroisses de Pannecé, Couffé et Maumusson comme l'a suggéré le Docteur A. Rouxeau.

Gourlet, à l'époque chef des chouans de la région de Riaillé, fut probablement l'instigateur. Il revendique ce rôle dans ses mémoires, mais il serait étonnant qu'il ait agit seul avec une troupe composée uniquement de ses hommes. Il n'en avait pas 300. Il donne très peu de détails sur l'opération. D'autre part, nul ne se serait laissé voler un bien aussi précieux qu'un cheval ou un âne, ou plus, voir son père, son mari, son fils assassiné sous ses yeux, sans réagir plus tard et se libérer en parlant ou en accusant les auteurs connus. Enfin, Gourlet, qui avait été l'homme de confiance du marquis de la Ferronaye à Saint-Mars-la-Jaille, localité située à 10 km de Riaillé n'aurait pas eu besoin de guide pour investir la localité !

La pétition écrite par la municipalité d'Ancenis au général Charlery, le soir même du massacre de Riaillé, signale la participation de Meignan, Coquereau, du comte de La Ferronaye, de sa femme et de Bouchet, valet de ces derniers.

Les véritables meneurs, plus endurcis au combat que Gourlet, auraient donc pu être le chevalier Le Meignan du Petit-Auverné (L-I), ancien commandant des Compagnies bretonnes de la Grande Armée Vendéenne, il aurait participé à la tête de rescapés de la défaite de Savenay et Joseph Coquereau commandant des chouans de la région de Daon et de Chateauneuf-sur-Sarthe. L'abbé Angot (Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne) le signale à cette période en Loire-Inférieure avec Grandpierre et une centaine d'hommes. De Sarrazin et de Scépeaux seraient venus les rejoindre, après le raid sur Riaillé, comme l'affirme Gourlet, dans le bois des Renardières situé entre Bonnoeuvre et Riaillé avec un renfort de 300 hommes.

Le marquis de la Ferronaye ainsi que sa femme avaient émigrés et ne pouvaient être présents. Deux hypothèses peuvent être envisagées :

     

  1. la présence de son cousin, pair de France à la Restauration. Serait-il venu en curieux ? Il n'est pas connu comme ayant participé à la chouannerie.
  2. Une confusion du marquis de la Ferronnaye et de son épouse avec des personnes leur ressemblant.  D'après Savary " Guerres des Vendées et des chouans contre la république francaise", quelques jours plus tard, une femme montant en amazone aurait été aperçue caracolant à la tête des chouans à Montrelais.

Que disent les notes de Palierne, les mémoires de Gourlet et celles de Bellanger capitaine de la paroisse de Sainte-Gemmes -d'Andigné :

 

Extrait de la première page des Notes de René-Victor Palierne Chef de la Division Chouanne de la région d'Ancenis. De l'été 1794 au printemps 1796, il servit sous les ordres du Général de Scépeaux et en 1798-1800 sous ceux de de Chatillon :

... En 1794, avec le grade de Lieutenant-Colonel, je réunis une quinzaine d'hommes avec lesquels j'attaquais quelques correspondances et petits détachements. Ma troupe s'étant grossie, j'allais à la tête de cent hommes bien déterminés joindre M. le vicomte de Scépeaux, le chevalier de Turpin, Guillaume Plouzin, Gourlet, le chevalier de Meaulnes et le chevalier de Sarrazin au bois de Maumusson (le chevalier de Sarrazin, ancien page du roi fut tué peu après à Saint-Michel-de-Guienne, près de Bourmont). Notre petite armée, qui n'était forte que de quatre cents hommes, reconnut pour général le vicomte de Scépeaux, beau-frère du respectable marquis de Beauchamps, fameux chef vendéen qui avait eu l'honneur de lever un des premiers l'étendard de cette sainte insurrection. L'armée du vicomte de Scépeaux battit les républicains à Riaillé, eut deux affaires le 8 juin 1794 dans le bois de Bonnoeuvre, où elle repoussa 1.400 hommes, dont 600 grenadiers réunis, venus d'Ancenis.

Elle en tua plus de deux cents, poursuivit le reste pendant plus de deux lieues sur la route d'Ancenis par Saint-Mars-la-Jaille. Un de mes soldats tua à lui seul quatre grenadiers dans une charge à la baïonnette. Il se nommait Orhon, dit Duhoux.

A peine de retour de cette expédition, l'armée du vicomte de Scépeaux fut obligée de s'opposer à une colonne de républicains commandée par l'adjudant-général Decaen. Cette colonne fut repoussée après avoir perdu 85 hommes. Guillaume Plouzin, devenu par la suite chef de division eut un bras fracassé par une balle dans cette dernière affaire. Après ces combats, nos troupes se rendirent au bois de Rougé, entre Belligné et la Cornuaille, le lendemain 10 juin. Le cantonnement des mines de Montrelais, près de Varades, fut enlevé et cet engagement coûta 60 hommes à l'ennemi. Malheureusement, les troupes royalistes retournèrent au bois de Rougé. Elles y furent assaillies le 11 juin par 6.000 hommes sous le commandement du général Vachot. Malgré les pertes que nos troupes firent éprouver aux républicains, nous fûmes forcés de songer à la retraite, vu la supériorité qui nous étaient opposée. Cette retraite fut glorieuse pour nous, nos hommes firent une trouée à la baïonnette. Nous n'eumes que quinze tués, mais beaucoup de blessés. Plusieurs de ces derniers ne pouvant se retirer furent jetés dans des feux allumés par l'ennemi et brûlés vifs. (...) Les soldats (chouans) se dispersèrent par ordre des chefs. (...)"

 

Extrait de la page 125 des Mémoires de Pierre-Michel Gourlet. Il fut avant Palierne le chef de la légion chouanne de la région d'Ancenis. Il devint, quand il céda sa place au printemps 1795, le commandant de la cavalerie de l'armée de de Scépeaux :

Le 4 juin, de très grand matin, je les surpris à leur cantonnement avec une telle précipitation que leurs gendarmes à cheval n'eurent pas le temps de monter sur leurs chevaux que nous trouvâmes sellés dans l'écurie. Patauds et gendarmes trouvèrent la punition que leur avaient préparée leurs crimes réitérés d'assassinats sur les fugitifs de la Vendée sans défense, comme sans provocation contre eux. Cette surprise de Riaillé et ses résultats jetèrent l'épouvante dans le pays à 10 lieues à la ronde. Des réunions de troupes républicaines se firent sans délai pour arrêter notre audace. Le général de Scépeaux vint à mon secours avec 300 hommes, nombre égal à celui où nous nous trouvions en armes pour le moment.

Le quartier général s'établit au bourg de Bonnoeuvre où nous fûmes attaqués le 8 par 1.200 hommes que nous repoussâmes et poursuivîmes à 2 lieues sur la route conduisant à Ancenis. Cette affaire eut lieu de grand matin, nous étions rentrés à Bonnoeuvre jouissant de l'heureux évènement car nous n'avions pas de morts à regretter, tandis que l'ennemi en avait tracé sa déroute, lorsqu'à 2 heures de l'après midi, une seconde colonne de 800 à 1.000 hommes qui avait retardé sa réunion à la première se présenta pour nous chasser de notre position; nous ne l'en laissâmes pas approcher avant de l'attaquer et de le forcer à une retraite qu'elle fit avec ordre, ce qui lui évita les pertes faites à la première.

Nous fûmes dans cette journée les vainqueurs de 2.000 hommes sans avoir perdu un seul des nôtres et n'ayant eu que trois blessés.......

 

Extraits de "Faits et circonstances qui ont eu lieu pendant la guerre des chouans dits du Bas-Anjou et de Haute-Bretagne" de Arthur Duchêne. Cet article est paru dans la revue "Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers" Edition de 1898, pages 290 à 292, 295-296 et 349 :

[En fait, c'est la reprise d'un manuscrit non publié de l'Abbé X... et de Bellanger le capitaine des chouans de Sainte-Gemmes-d'Andigné. Le Docteur Rouxeau dans "Palierne" le cite comme "L'Anonyme" de Du Chesne. Les annotations de Duchêne, en marge du texte, sont extrêmement intéressantes car elles concernent les petits chefs de la chouannerie, comme les capitaines et les sergents de paroisses. Elles parlent de leurs difficultés à réintégrer la vie courante, des secours apportés par les nobles du segréen, aux uns ou aux autres et prouvent qu'ils ne furent pas égoïstement oubliés par ceux dont ils défendirent la cause.

Bibliothèque Nationale, cote 8° S 239

(...) Après le combat du Hutan, les chouans couchèrent au bois de Pontron, au camp de M. de Scépeaux, le 4 à Saint-Hubert de Freigné. De Saint-Hubert, on alla le 6 de très grand matin, dans le bois des Renardières près Bonnoeuvre, où l'on apprit qu'une colonne de 1.500 à 2.000 hommes, venant d'Ancenis cherchait les chouans et se dirigeait au petit bourg de Bonnoeuvre. M. Sarrazin décida que, loin de s'embusquer pour les attendre, il fallait attaquer de suite dans le bourg; mais voyant une position avantageuse, ces messieurs crurent mieux prendre l'ennemi en l'y attendant. Sans-Peur (Mathurin Ménard, alors capitaine des chouans des paroisses d'Andigné et de Marans) fut encore choisi avec 40 hommes pour faire cette reconnaissance. Chemin faisant et près le bourg, il crut apercevoir l'ennemi qui y entrait. Sans s'inquiéter du danger, Sans-Peur, après avoir échelonné et embusqué en arrière 30 hommes par petits pelotons, (Bellanger écrivit en réalité : Sans-Peur après avoir échelonné 30 hommes par petits pelotons sur son derrière et embusqué...), va droit à l'ennemi et, à dix pas, crie "- Qui vive ?" Au mot : "- Républicains!" Il fait feu ainsi que les neuf braves qui sont avec lui. L'ennemi riposte. Sans-Peur fait recharger les armes avant de battre en retraite sur le premier peloton, qui joint à eux, fait une décharge et ainsi de suite jusqu'au troisième peloton. Il est bon de dire que c'était à la pointe du jour. Les ennemis s'étant approchés de très près du troisième peloton, il fait encore une décharge. (etc...) Cette colonne battue et dispersée et enfin qui avait disparue comme une fumée, les Chouans furent pour prendre quelque repos au bourg de Bonnoeuvre - en disant leur prière accoutumée, car jamais on ne manquait de la faire soir et matin - et pour que la troupe se rafraîchisse.

Mais, à peine entrés, on aperçut une forte colonne ennemie venant sur la route de Candé avec quelques centaines de cavaliers. M. Sarrazin et ces Messieurs décidèrent que, sans perdre de temps, il fallait aller à sa rencontre. (..) le centre va droit à l'ennemi qui, au premier abord fait bonne contenance, mais se voyant harcelé de tous cotés, se débande après avoir essuyé une perte de plus de trois à 400 cents hommes. Comme les gardes nationales de Riaillé (D'Aryallé, dans le texte initial), Mésanger et des communes voisines craignaient les Chouans après avoir tant maltraité les Vendéens après l'affaire du Mans, elles se réunirent, et au bruit de la fusillade se rendirent au nombre de 1.000 à 2.000 hommes près de Bonnoeuvre. Mais les fuyards les ayant épouvantés, (...) cela suffit pour les faire disparaître.

Le 9 ou le 10 foire de Saint-Mars. (par tradition le jour de la Saint-Médard, le 8 juin) : - Les Chouans allèrent à Saint-Mars et, de là, ils se rendirent nuitamment à Riaillé où ils attaquèrent au lever du soleil. Les patriotes du pays, au nombre de cinq à six cents, s'étaient réfugiés et retranchés dans ce bourg qui fut enlevé par les royalistes : près de 200 Bleus y périrent. La colonne royale n'eut ni tués, ni blessés, ce qui explique par la surprise et la terreur de l'ennemi. De Riaillé, où les royalistes burent et mangèrent, ils allèrent, commandés par M. de Sarrazin, aux mines de Montrelais (...)

(...) Après cette malheureuse affaire de Rougé, MM les chefs des différentes régions s'en retournèrent dans leurs cantons respectifs. MM. Sarrazin, Fortville (de Dieusie) et le chevalier de Turpin se rendirent dans le canton de Segré. MM. de Scépeaux, Terrien, Gourlet et les autres chefs dans le canton de Candé. MM. de la Coulisse, Grand-Pierre, le Petit-Renaud et Cocquereau dans celui de Châteauneuf (..)

(...) Le 20 avril 1795, Joseph Coquereau et Mathurin Ménard sont nommés Chefs de Divisions (...) Palierne devient Chef de Division en mai 1795 (...)

 

[Il est à remarquer que ces trois hommes se trompent sur les dates du massacre de Riaillé et des combats de Bonnoeuvre, ils se contredisent et leurs exagérations agacent. Pourtant, les détails qu'ils donnent, ou qu'ils omettent, laissent penser que Gourlet fut présent aux deux endroits et que Palierne et Bellanger ne participèrent qu'au combat de Bonnoeuvre. A leur décharge, ils ont écrit leurs notes ou leurs mémoires 20 à 30 ans après les évènements, sur le moment ils avaient d'autres préoccupations :

     

  1. L'Elimination de la Garde Nationale : A l'exception de son commandant, il est impossible de savoir si les patriotes assassinés étaient membres de la Garde Nationale. Ce n'est qu'une hypothèse et il semble étonnant qu'il y ait eu un combat des chouans contre une concentration repliée dans un cantonnement. La commune de Riaillé n'avait pas les moyens d'en assumer en permanence les frais. En dehors des périodes de mobilisation les hommes de la Garde Nationale dormaient chez eux et travaillaient dans la journée. Mais, Gourlet affirme dans ses mémoires avoir surpris les patauds dans leur cantonnement. Aussi, il est possible qu'une partie de la Garde se soit rassemblée pour se défendre contre les chouans concentrés dans le bois des Renardières tout proche. Cela expliquerait la présence, parmi les tués, de commerçants de Saint-Mars-la-Jaille (L.-I.) et de la Chapelle-Glain (L.-I.). Ils auraient pu, mais ce n'est qu'une hypothèse, cantonner chez le commandant de la garde nationale: Abraham Bernardin Lemarié. D'après le premier cadastre de 1838, la famille Lemarié possédait, alors, une propriété (lots 52 et 53), à l'entrée du bourg, sur la route venant de Bonnoeuvre. Le plan montre une bâtisse importante, un bâtiment secondaire et plusieurs dépendances pouvant servir d'écuries.

    Le bourg, puis les villages durent être submergés par la troupe chouanne (300 hommes d'après Gourlet) et les résidences des principaux hommes à abattre furent cernées et attaquées. Certaines personnes furent peut être tuées pour avoir tenté de défendre leurs biens. Une personnalité (Chollet Officier Municipal) aurait été volontairement épargnée, d'autres échappèrent au massacre (comme Meslin qui était Adjudant Major dans la Garde Nationale ou le maire Auguste Garnier. Ce dernier mourut, quelques mois plus tard, âgé de 34 ans !), cela laisse supposer qu'il y ait eu un tri, des fouilles et, en conséquence, une grande peur parmi les habitants.

    Outre l'existence d'un cantonnement, qui aurait pu aussi être dans l'église ou au presbytère, abandonné depuis le mois de mars par le curé constitutionnel, nous ne connaissons que trois détails. L'attaque commença à 4 heures du matin. Les gendarmes avaient sellé leurs chevaux avant d'être tués. Etait-ce pour effectuer une reconnaissance ou aller chercher du secours ? Leur forfait accompli, les chouans mangèrent et burent dans le bourg de Riaillé. La tuerie ne leur avait pas coupé l'appétit et les rafraîchissements ont toujours été appréciés dans la région !

    Riaillé qui était une bourgade républicaine respectueuse des nouvelles lois et donnée en exemple par les autorités du district devint négligente. Les nombreuses plaintes à ce sujet du Directoire Exécutif du canton peuvent être consultées aux Archives de la Loire-Atlantique..

     

  2. L'embuscade contre l'armée républicaine : Contrairement à leur tactique qui était et qui est toujours celle de tous les partisans, attaque et fuite en dispersion, les chouans attendirent à Bonnoeuvre la réaction de la troupe républicaine. Cette démonstration de force, peu courante dans la chouannerie de la région, fut la conséquence de la situation géographique. Plus de 9.000 soldats républicains cantonnaient aux pointes du quadrilatère formé par Nort-sur-Erdre, Châteaubriant, Candé et Ancenis. Ils campaient tous à 4 ou 5 heures de marche de Riaillé, leur réaction ne pouvait être que lente. L'escarpement entre le bourg de Bonnoeuvre et le bois des Renardières offrait une possibilité de résistance exceptionnelle à une troupe de 600 partisans. De plus, elle pouvait faire, en cas de problème, une retraite honorable dans une des forêts toutes proches.

Le Service Historique de l'Armée possède les registres de la plupart des bataillons stationnés en juin 1794 dans la région. Seul, celui du 6ème bataillon de la Somme (cote 16 YC 519) mentionne des tués pour la journée du 22 prairial de l'an  II  :

 

- effectifs cantonnés à Candé: 1.056 hommes

- nombre de tués le 22 prairial de l'an II  : 36 hommes

- morts à l'hôpital des suites des blessures : 5 hommes

- réformés suite à l'affaire du 22 prairial : 2 hommes

- effectifs à l'hôpital le 01/10/1794 : 273 hommes

 

L'une des deux colonnes citées fut sans aucun doute constituée par une partie de ce bataillon ou par sa totalité. D'après les notes de Palierne, la seconde aurait été l'un des deux bataillons de Grenadiers Réunis qui étaient basés à Candé et non à Ancenis comme il le dit. Placés, sous les ordres de l'adjudant-général Decaen, adjoint du général Vachot, leurs registres sont introuvables. Ils n'ont probablement jamais existé ! D'après l'un des bibliothécaires du Service Historique de l'Armée de Terre du château de Vincennes, les régiments d'infanterie de l'époque comportaient une majorité de soldats fusiliers, les meilleurs d'entre eux devenaient grenadiers. Les bataillons constitués uniquement de grenadiers étaient des formations d'élites. Certaines, temporaires, comme les Grenadiers Réunis ne possédaient pas de registres. Les fourriers des unités de provenance se contentaient de noter sur leurs registres les dates d'affectation aux grenadiers et de réintégration lorsque l'intéressé revenait dans son corps d'origine. Ils ne pouvaient dans la plupart des cas mentionner son décès.

Nous ne pouvons, donc, que comparer les Etats des Effectifs des comptes-rendus de situations du 15 thermidor (2 août) et du 10 vendémiaire de l'an II  (1er octobre), [cotes B5-125 et B5-126 du Service Historique de l'Armée de Terre], en nous rappelant qu'il y avait un décalage dans le temps entre le moment où les chiffres étaient donnés par les généraux de division et la rédaction de la situation par l'Etat-Major de Rennes.

- effectif du premier bataillon de Grenadiers Réunis au 15 thermidor : 792 contre 609 au 10 vendémiaire

- effectif à l'hôpital le 10 vendémiaire : 127 hommes

- effectif du 2ème bataillon de Grenadiers Réunis au 15 thermidor : 590 contre 587 au 10 vendémiaire

- effectif à l'hôpital le 10 vendémiaire : 74 hommes

Le nombre des hommes à l'hôpital dans les deux bataillons est important, mais, du fait du caractère éphémère des affectations, les différences des effectifs respectifs ne peuvent être prises en compte. Tout ce que nous pouvons affirmer est que le nombre de tués républicains aux combats de Bonnoeuvre est d'au moins une quarantaine, soit le double du chiffre annoncé par le général Vachot. La plupart des victimes étaient originaires de la région d'Amiens, quelques autres de celle de Bayeux en Basse-Normandie où le bataillon avait séjourné avant d'être affecté à Candé. Le Commandant de l'unité fut tué lors de l'engagement.

L'enchaînement des deux opérations de Riaillé et Montrelais ne donnent pas l'impression d'une improvisation. Harcelés dans le segréen par le quadrillage des troupes du général Vachot, de Sarrazin et ses compagnons de lutte de Scépeaux, Crissé de Turpin, de Dieusie, Coquereau auraient peut-être décidé de répondre à la demande de vengeance de Gourlet et d'effectuer une diversion efficace dans le département voisin.

L'isolement de la fonderie et des forges de Riaillé leur permettait, sans prendre de grands risques, d'y arrêter la production de fer et de boulets. De même, la destruction des équipements de la mine de charbon de Montrelais leur permettait de ralentir la production d'Indret. Le retentissement de ces deux actions contribua à la radicalisation de la chouannerie dans les districts d'Ancenis et de Châteaubriant et à la déstabilisation des autorités civiles et militaires de la région. Vivement critiqué et calomnié, le général Vachot proposa sa démission par lettre et son affectation à un projet d'invasion de l'Irlande. Il fut limogé et le 6ème bataillon de la Somme fut transféré à Ernée (53) dans le mois qui suivit le combat de Bonnoeuvre.

Les pertes subies à Montrelais et à Rougé, bien qu'inférieures au total de celles des républicains sur les 4 lieux des combats, les dissuadèrent, cependant, de continuer à mener d'autres opérations de grande envergure.]

 

Liste des 29 anciens Chouans de Riaillé domiciliés dans le district d’Ancenis et ne disposant en 1825 que de faibles ressources :

 

ADLA 2R131

1) Julien AUBIN né le 10/12/1775 à Riaillé

2) Jean COLOU né le 18/8/1776 à Riaillé, domicilié à Saint-Sulpice des Landes en 1825

3) Paul MODIRÉ né le 18/8/1776 à Riaillé, domicilié à Mésanger en 1825 (ouvrier boulanger de Jacques GUERIN assassiné le 19 prairial de l'an II dans sa boulangerie ?)

4) Nicolas LECOMPTE né le 23/10/1767 à Riaillé, domicilié à Teillé en 1825

5) Mathurin GOUBAUD né le 29/11/1777 à Riaillé, domicilié à Teillé en 1825

6) Louis GAUTHIER né le 27/11/1769 à Riaillé, domicilié à Teillé en 1825

7) Jean ROUGÉ né le 18/3/1768 à Riaillé

8) Yves MACÉ, né le 11/2/1778 à Riaillé

9) Mathurin MÉNARD, né le 23/6/1770 à Riaillé, domicilié à Saint-Sulpice des Landes en 1825

10) Jacques DUPIN, né le 12/9/1767 à Riaillé

11) François RICHARD, né le 19/1/1776 à Riaillé, domicilié à Bonnoeuvre en 1825

12) Julien BAUJART né le 5/8/1774 à Trans/Erdre, domicilié à Riaillé en 1825

13) Pierre DUTERTRE né à Petit-Mars le 26/9/1775, domicilié à Riaillé en 1825

14) Pierre VIÉ, né le 6/12/1769 à Trans/Erdre, domicilié à Riaillé en 1825

15) Mathurin GAULT, né le 6/3/1780 à Riaillé

16) Louis RIALLAND, né le 17/10/1771 à Mouzeil, domicilié à Riaillé en 1825

17) Guillaume BEAUDOIN, né le 21/05/1769 à Teillé, domicilié à Riaillé en 1825

18) François PIRON, né le 14/7/1770 à Rougé, domicilié à Riaillé en 1825

19) Julien GUINOUÉ, né le 12/6/1772 à Trans/Erdre

20) Jean MACÉ, né à Pannecé le 6/8/1769, domicilié à Riaillé en 1825

21) Auguste LEUSSIER, né le 6/8/1785 orphelin, son père juge de paix à Moisdon-la-Rivière  fut guillotiné pour avoir pris part dans cette commune à la rébellion de mars 1793.

22) Jean GAUTRIN, né le 12/1/1778 à Riaillé

23) Guillaume BEAUDOIN, né le 5/8/1771 à Riaillé

24) Julien OUAIRIE, né le 19/1/1767 à Riaillé

25) Mathurin PUCELLE, né le 18/3/1768 à Saint-Herblon, domicilié à Riaillé en 1825

26) Jean RIAILLÉ, né le 30/6/1766 à Trans/Erdre, domicilié à Riaillé en 1825

27) Pierre CHATEAU, né le 19/8/1767 à Moisdon, domicilié à Riaillé en 1825

28) Eulalie DUBUISSON dans l’extrême misère, veuve de Jean MAUDIRE mort le 28/3/1798

29) Anne OUARY, veuve de Bertrand SIMON dans la misère

 

[Cette liste ne comprend ni les Chouans natifs de Riaillé domiciliés dans un arrondissement autre que celui d’Ancenis, ni les Chouans décédés sans ayants droits, ni les Chouans aisés comme Jean Terrien, percepteur à Riaillé en 1825 et ancien Chef de la Division ‘Coeur de Lion’ de la région de Châteaubriant ou les fils Rousseau de la Meilleraie, ni Prudent Huguenin, ni bien sûr Julien Prud'homme, curé de Riaillé et ancien aumônier dans l'armée de Scépeaux !]

 

Liste des 49 anciens Chouans de Pannecé domiciliés dans le district d’Ancenis et ne disposant en 1825 que de faibles ressources :

ADLA 2R 131

1) Julien Alix, né en 1773 - 5 campagnes signalées dans les rangs royalistes.

2) Jean Aubin, né en 1776 - 5 campagnes.

3) Michel Aubron, sergent, blessé au combat - Né en 1780 - 4 campagnes.

4) Pierre Auneau, blessé, né en 1776 - 6 campagnes.

5) Jean Botereau, blessé, né en 1776 - 3 campagnes.

6) Mathurin Bouraud,né en 1763 - 3 campagnes.

7) Julien Bourcier, né en 1766 - 4 campagnes. (N.B. Un Julien Bourcier. fils est qualifié de "capitaine de chouans" dans ADLA - L 325).

8) Julien Chevreteau, né en 1769 - 5 campagnes.

9) Mathurin Chevreteau, blessé, né en 1767 - 3 campagnes.

10) Pierre Cochet, décédé - Sa veuve réclame en son nom - né en 1745 A pris les armes dés 1793.

11) René Crespin, sergent, né en 1762 - 7 campagnes dont celle de 1815.

12) Julien Cruau, né en 1776 - 5 campagnes.

13) Joseph Delanoue né en 1768 - 3 campagnes.

14) Pierre Delanoue décédé - Sa veuve réclame en son nom - né en 1768.

15) Pierre Derval, né en 1779 - 5 campagnes.

16) Laurent Gasdon, né en 1767 - 3 campagnes.

17) Mathurin Gauchet, né en 1779 - 2 campagnes.

18) Guillaume Gautier, né en 1766 - 5 campagnes.

19) Julien Gautret, né en 1774 - 3 campagnes.

20) François Gebouin, né eni1771;- 3 campagnes.

21) Jean Goulay, né en 1768 - 5 campagnes.

22) René Goulaye, né en 1775 - 5 campagnes.

23) Joseph Guillon, né en 1772 - 3 campagnes.

24) René Hubert, sergent, né en 1774 - 5 campagnes.

25) Sébastien Joulain, né en 1772 - 5 campagnes.

26) Mathurin Jutteau, né en 1778 - 5 campagnes.

27) Jaques Landron, capitaine, blessé, né en 1771 - 6 campagnes, y compris 1815.

28) Mathurin Landron, né en 1771 - 5 campagnes.

29) René Landron, né en 1765 - 3 campagnes 30) Jean Levêque, blessé, né en 1773 - 6 campagnes.

31) René Levoyer, né en 1778 - 5 campagnes.

32) Jean Orhon, décédé - Sa veuve réclame en son nom - né en 1781.

33) René Orhont, capitaine, blessé. Né en 1768.

34) Pierre Papin, né en 1767 - 4 campagnes.

35) Pierre Perier, né en 1778 - 5 campagnes.

36) Mathurin Piaud, né en 1777 - 2 campagnes.

37) René Piau, né en 1776 - 3 campagnes.

38) Auguste Pineau, né en 1775 - 4 campagnes.

39) Jean Prodhomme, né en 1777 - 5 campagnes.

40) Jacques Pucelle, né en 1768 - 6 campagnes.

41) Jean Pucelle, né en 1771 - 5 campagnes.

42) Jean Quignon, décédé - Sa veuve réclame en son nom. Né en 1767.

43) François Rabin, né en 1778 - 3 campagnes.

44) Pierre Ribalet, né en 1774 - 3 campagnes.

45) Toussaint Robert, né en 1772 - 5 campagnes.

46) Antoine Rochel, né en 1764 - 6 campagnes.

47) Julien Tessier, né en 1770 - 3 campagnes.

48) Julien Thiévin, né en 1770 - 5 campagnes.

49) Pierre Tiger, né en 1777 - 5 campagnes.

 

Autres chouans de Pannecé non cités précédemment, demandant un secours en 1815 (ADLA 2R 129 + 2R 131)

50) Jean Durand, blessé en 1793.

51) Jacques Jamet, blessé en 1795.

52) Pierre Lecomte, blessé en 1796.

53) François Jallais, blessé en 1795.

54) Constant Juston, blessé en 1794.

55) Yves Mouchet, blessé,en 1793

 

 

Pétition des Officiers Municipaux de Joué aux Citoyens Administrateurs du département de la Loire-Inférieure pour faire transférer provisoirement le chef-lieu à Joué-sur-Erdre:

ADLA L325

Vous observent, les officiers municipaux de Joué, que dans la circonstance actuelle, il est impossible que l’administration municipale de leur canton puisse s’organiser au Chef Lieu de Riaillé; les Administrateurs élus dans notre commune courraient les plus grands risques de leur vie en allant et revenant des assemblées.

La position de Riaillé ne peut être sûre, entourée, comme est cet endroit, de forêts qui servent aujourd’hui et ne cesseront d’être de longtemps la retraite des malveillants qui parcourent encore tous les jours cette commune, particulièrement les Chefs des Chouans, tels que les Bourmont, les Maignant, les Rousseaux - Melleraye, Coeur de Lion, Coeur de Roy et une infinité d’autres comme prêtres, émigrés, déserteurs et fermiers des ci-devant seigneurs qui aujourd’hui sacrifient les Chouans qui ont rendu les armes.

La position de la commune de Joué est bien différente, tant par le bon esprit qui règne et y a toujours régné que par sa situation, sa population, l’étendue conséquente de son bourg et sa proximité des autres communes non insurgées qui l’environnent presque entièrement. D’un autre coté, l’établissement d’un cantonnement de troupe dans cette commune et le voisinage de Nort, où depuis l’insurrection de quatre vingt treize il n’a pas cessé d’avoir de la force, serait un motif déterminant et qui vient à l’appui de notre demande.

D’après toutes ces considérations, nous espérons Citoyens, que vous ne balancerez pas, à vous porter à transférer provisoirement le Chef Lieu de canton cy-devant établi à Riaillé, au bourg et commune de Joué, par là, vous pourvoirez à la sûreté des administrateurs et des administrés.

Joué le 19 floréal l’an 4ème de la République une et indivisible [29 mai 1796] Signatures de :

Eluère (Maire), Palierne, Macé, Etretet, H.Forget (Secrétaire)

[Cette pétition fut appuyée par le Juge de Paix et le Greffier du canton de Riaillé ainsi que par plusieurs courriers du Commissaire du Directoire Exécutif du Canton, résidant à Joué-sur-Erdre. Un arrêté du 12 prairial an IV (31 mai 1796) notifia le déplacement provisoire du canton à Joué-sur-Erdre et un cantonnement de soldats y fut mis en place; pourtant, la paix avait été signée entre de Scépeaux et Hoche le 14 mai.

Les mariages de l’an VII et d’une partie de l’an VIII  furent consignés pour toute la France dans les chefs-lieux de canton. Ceux de Riaillé pour l’an VII  figurent dans la collection départementale sur les registres d’état civil de Joué-sur-Erdre, mais ceux de Joué pour une partie de l’An VIII figurent dans la collection départementale sur les Registres d’état civil de Riaillé. Le déplacement provisoire du chef-lieu à Joué-sur-Erdre dura donc 3 ans et demi.]

 

Joué, 7 germinal de l’an VI de la République une et indivisible [27/04/1798]

Le Commissaire du Directoire Exécutif, près de l’administration municipale du canton de Riaillé, au Citoyen Commissaire près l’administration centrale :

[ADLA L325]

Je reprends la suite de l’Assemblée primaire à Riaillé. Le 2 germinal, la force armée a été obligée de se déployer contre les trois chefs de rebelles pour faire exécuter la loi d’exclusion contre eux. Suivant le rapport qui m’a été fait, les plus mutins étaient : Belet Commis de la Forge de la Provostière qui en pleine assemblée dut dire qu’il prenait le parti des honnêtes gens, c’est à dire des chouans; Cholet de Riaillé; Verger ex-abbé; Boursier fils de la Hervelinière [*] qui se permit de dire devant la troupe que l’Agent Municipal de Pannecé nommé par le Directoire ne prendrait pas racine. Enfin l’assemblée s’est terminée le trois et le résultat a donné pour électeurs René Boursier, Jean Le Baselé et ....Riteau [**]. Les deux premiers sont très bons citoyens, le dernier ne l’est pas autant. Le recensement s’est fait hier à l’administration et les scrutins des deux assemblées pour les places de juge de paix, assesseur et président de l’administration municipale du canton ont donné de Bons Républicains en général; je ferai incessamment transmettre à l’administration centrale la copie des procès verbaux.

La troupe qui était venue d’Ancenis à Riaillé s’est retirée. Il serait important de rétablir la force armée dans les communes de Riaillé, Bonnoeuvre et Pannecé pour la tenue des assemblées communales qui vont avoir lieu le 1er décade, afin d’y protéger la réunion des patriotes qui sont en très petit nombre. Autrement, il y aurait lieu de craindre qu’il n’y eut que des chouans à tenir les assemblées surtout à Pannecé où l’agent municipal a été menacé.

Salut et fraternité.

Pour le commissaire malade [signature] MAZUREAU

[ * Julien Bourcier fils était l'un des capitaines des chouans de Pannecé, son père Julien Bourcier, notaire sous l’Ancien Régime, fut Agent Municipal (Secrétaire de Mairie) au début de la Révolution. Il dut démissionner en avouant son incompétence. Une lettre du Commissaire du Directoire exécutif de Joué-sur-Erdre, jointe à la lettre de démission, signale les activités subversives du fils !

** Jean Riteau, originaire de Vertou, était arpenteur/laboureur et demeurait au village de la Houssais.]

 

 

Etat demandé par le Commissaire du Directoire Exécutif par ses lettres décrétées du 2 frimaire an VI à celui près le canton de Riaillé :

[Cette liste fut établie le 2 frimaire An VI (22 novembre 1797 par le Commissaire du Directoire Exécutif résidant à Joué-sur-Erdre. Elle est d’une écriture difficile à lire. Les parties en italique ne sont que mes commentaires. L’état comprenait également les listes des suspects des autres communes du canton.]

ADLA L325

Commune de Riaillé

1) ROUSSEAU dit Meilleraie à la Meilleraie : Père, mère et deux fils, ex-nobles vu aïeux, vu le titre, protecteurs et receleurs de tous les ennemis du gouvernement; les deux fils chefs de chouans. [Ils résidaient au vieux château appartenant de nos jours à la famille Bureau du village de la Meilleraie à Riaillé, à ne pas confondre avec La Melleraye-de-Bretagne toute proche.]

2) MESLIN, directeur de la forge à la Provostière: Hôte des chefs des chouans, leur correspondant et celui des prêtres insoumis et des émigrés; tous les ouvriers de la forge furent menés par lui; il y a eu un rassemblement nombreux de chouans et d’étrangers la veille du 18 fructidor [4 septembre, il succéda à la tête de la Fonderie de la Poitevinière, des Forges de la Provostière et de la Vallée à Auguste Garnier décédé, il devint maire de Riaillé en 1800, il en démissionna vers 1812 pour prendre le fermage des Forges de Pouancé]

3) MACÉ, fils de Jacques Macé à la Provostière : Chouan; assassin d’une femme de la Pommeraye de Joué; voleur; protégé de Meslin

4) VIGNAL, garde forestier et HAREL son gendre à la Poitevinière : Connaissances et amis intimes de Meslin; nos ennemis dangereux.

5) FORTIN, fils, commis au fourneau de la Poitevinière : Pour avoir favorisé l’entrée des brigands à Riaillé et le massacre de trente et quelques patriotes; il a été placé par Meslin à ce fourneau. [Un dénommé Fortin était Officier Municipal au moment du massacre !]

6) BOULAI, voiturier à la Poitevinière : Aristocrate enragé, très dangereux

7) CHOLLET, rentier au bourg : Excepté du massacre des patriotes de Riaillé par la protection des Chefs des Brigands; il a été et est constamment leur Égide dans ce pays; sa maison est le pied à terre de tous les ennemis du gouvernement; sa fille cadette a fait ses connaissances dans le Brigandage et la Chouannerie. [Premier Maire de Riaillé, il était l'Officier Municipal chargé de l’Etat Civil au moment du massacre du 19 prairial de l’an II (7 juin 1794). Il était greffier sous l’Ancien Régime et résidait alors à la maison noble de la Cour du Bois. Le 10 frimaire de l’an VIII, sa fille Aimée épousa Bernard Lafond, Lieutenant de Vaisseau, originaire de la Louisiane.]

8) HUGUENIN, chez sa mère veuve au bourg : Chef des Chouans, dangereux; la mère est aristocrate prononcée.

9) BERNARD, serger au bourg : Pendant son agence municipale, il a été ouvertement le protecteur des déserteurs et des insoumis du Bon ordre et il l’est toujours. [Secrétaire de Mairie lors du massacre]

10) La femme BELIN, institutrice au bourg : Aristocrate prononcée et dangereuse; pour son mari bien différent. [Ce qui prouverait, que déjà en ce temps, les femmes de Riaillé se permettaient d’avoir des opinions politiques différents de ceux de leurs maris ! Louise DELUEN, institutrice, était originaire de Paimboeuf. Elle épousa l’instituteur Julien Belin à Joué le 7 brumaire de l’an III. Devenue veuve, elle se remaria le 30 messidor de l’an X avec René GOULIER, beau-frère de René Cholet.]

11) BEDUREAU farinier au moulin de la Benâte et DEROUIN à celui des huiliers : Receleurs des déserteurs et autres ennemis de l’ordre

12) HAMON et TESTARD, gendres de Julien Alloû au village de la Noë : Le premier, Chef des Chouans, signalé par toutes espèces de scélératesses; le 2ème néanmoins dangereux par les propos qu’il a tenu à la foire de Riaillé le 8 fructidor [25 août] : Bientôt les B.... des patauds bouilleront ! [Les points de suspension font parti du texte ! Les patauds étaient les administrateurs mis en place par la République, ils ne comprenaient pas le patois du coin et on ne les comprenait pas, ils étaient donc des lourdauds pour la population, et par extension, le terme désigna par la suite tous les républicains]

13) Jacques DUPIN, au même village : Aussi dangereux que les deux derniers.

14) La veuve GOUGEON au bourg : Receleuse du fameux Tranchemontagne; dangereuse au pays.

[Isabelle Bouillé était la veuve de François Gougeon assassiné par les Chouans. Gerard ??? dit Tranchemontagne était allemand. D'après son interrogatoire, il ne parlait pratiquement pas français,. soldat étranger dans un des bataillons engagés contre les chouans et malade, il déserta près de Nort-sur-Erdre alors que son unité se dirigeait sur Châteaubriant; vraisemblablement, il se cachait des autorités militaires par peur d’être fusillé et des chouans par peur d’être massacré. Son arrestation fit grand bruit dans le canton. Elle fut la conséquence de nombreux courriers du Commissaire de l’Exécutif du Directoire du canton résidant à Joué-sur-Erdre qui la réclamait. Probablement, il y eut confusion avec Brice Denys alias Tranchemontagne, déserteur également et qui défrayait la chronique en tant qu’adjoint au Chef de Division des Chouans de la région de Laval ou avec le capitaine Frey de la division Palierne, déserteur aussi et d'origine allemande qui également aurait été appelé Tranchemontagne d'après le Docteur A. Rouxeau dans "Palierne".]

 

Commune de Pannecé

1) GOURLET, près de la maison de la Rivière : Chef des Brigands et Chouans; ex-agent de l’émigré Ferron; son représentant et celui de tous ses semblables; très dangereux au pays. [Il s’agit de Pierre-Michel Gourlet chef de légion des chouans de la région de Riaillé/Pannecé jusqu'à la nomination en mai 1795 de René Palierne comme chef de toute la division chouanne de la région d'Ancenis. Il fut alors chargé du commandement de la cavalerie dans l’armée de de Scépeaux et nommé adjudant-général le 9/10/1799 par le général de Châtillon à son quartier général de Bonnoeuvre ! Il servit comme officier dans la gendarmerie de 1816 à 1830.]

2) TERRIER, Officier de Santé à la Métairie: Médecin des Brigands et Chouans; parent et intime de Gourlet; aussi dangereux que lui. [Chirurgien de l’armée de de Scépeaux et oncle par alliance de Gourlet. Il fut maire de Pannecé de 1800 à 1834]

3) Les deux frères JUTON, chez leur mère veuve, à la maison de la Rivière : Parents et amis des deux premiers; ils font une partie carrée dangereuse en influençant leur commune et leurs voisins; ces individus correspondent avec les principaux de Riaillé et des cantons limitrophes. [Beaux-frères de Gourlet et neveux par alliance de Terrier]

4) JALAIN, né Jalet, au bourg : Homme de confiance de l’ex-curé; Chef de Chouans assassins et voleurs; très dangereux.

5) DELAUNAY, son beau-frère au Bourg : Aussi dangereux.

6) HAUVERT, dit ‘Marie-Jeanne’, au Bourg : Chef de Chouans; lié aux premiers; très dangereux.

7) VERGER, ex-abbé à la Papinière : Secrétaire des Chefs des Brigands et Chouans; ami intime de Gourlet, Terrier et consorts; aussi dangereux. [Il était cousin germain de Julien Bourcier fils, il succéda à son oncle comme Secrétaire de Mairie après un intérim de quelques mois de l'agent mis en place par les autorités. Craignant pour sa vie, ne comprenant pas le patois, ce dernier préféra démissionner rapidement.]

8) Les deux frères PRODHOMME à la Bourdinière : Chefs de Brigands et Chouans; amis des derniers nommés; également dangereux. [Leur père Julien Prodhomme avait été notaire à la Bourdinière. Jean Prodhomme, l’un des frères, fut le prédécesseur de Terrier, pour une courte période, en tant que maire de Pannecé et maire à nouveau de 1836 à 1837. Julien était prêtre clandestin et aumônier militaire des chouans. Il fut ensuite curé de Riaillé de 1800 à 1831.]

9) BOURCIER, fils, Jullien, à la Hervelinière : Capitaine des Chouans; lié aux Juton, Gourlet, Terrier, etc.

10) LANDRON frères, près la Bourdinière : Chouans très dangereux.

 

Commune de Bonnoeuvre

1) NISON, fils, tailleur au bourg : Chouan très dangereux

2) MATHIEU, aubergiste et tailleur, au Bourg : Chouan; receleur d’ennemis de l’ordre

3) LERAY, Notaire au Bourg :

Emissaire des Chefs des Chouans; très dangereux

 

Tous les habitants de cette commune sont Chouans et ennemis des lois.

 

Commune de Trans

1) MANEUVRIER, au Bourg : Frère de prêtres réfractaires; Capitaine des Chouans ennemis prononcés des Lois; gendre de Nicolas Ouary de Ligné, forcené aristocrate

2) VIÉ, père et 2 fils, près le Bourg : Chefs de Chouans; assassins et voleurs; ennemis dangereux du gouvernement

3) LEDUC, frères, près du Bourg : Capitaines des Chouans; amis des prêtres réfractaires et des émigrés

4) VIGNERON, père et 2 fils, près le Bourg : Même note que la précédente

5) Les deux Soeurs MARSAUD dites ‘guiblotteries’ à Montfriloux; rentières : Receleuses des prêtres réfractaires et des ennemis du gouvernement; elles influencent leurs fermiers; dangereuses au pays

6) DEROUIN fils, chez Farineau veuve, à la Haie : Approvisionnent des Chouans, leurs Capitaines assassins et voleurs; très dangereux

7) BARBÉ dit ‘l’Artillerie’ au ?...: Capitaine des Chouans; assassin et voleur; très dangereux

8) BOURSIER, aux Buttes : Chouan forcené, assassin et voleur

9) Les Fermiers de la métairie du Theil :

Receleurs d’émigrés et de tous les ennemis du gouvernement

10) HAIE, à la métairie de la Motte : Receleur d’armes; chouan dangereux

 

Commune de Joué

1) Joseph THELOT, Rentier et marchand et ROUSSEL René; les deux au Bourg. Le 2ème agent de la veuve Gouyon de Marcé, au Bourg, vu à la Chauvelière : Tous les deux ?.... légalement pour trésoriers des Chouans; leurs Conseils et ?....: Correspondants et émissaires de tous les ennemis du gouvernement; très dangereux au pays

2) François CADAU, au Bourg : Leur confident et leur plat valet

3) Pierre RICHARD au village des Hambaud : Lié avec Joseph Thébaud et Roussel qui lui font influencer certains habitants de cette commune et de celles voisines; par là très dangereuse

4) CAILLAUD, au village de la Dem...; rentier : Ex-agent de Cornullier. de Lusinière; il fait partie carrée avec Joseph Thélot, Roussel et Richard

5) LECLAIR et femme, marchands, au Bas Bourg :

Ex-laquais de Cornullier Lusinière; beau-père et mère d’assassins et voleurs; très dangereux

6) BASSIN, serger au Bas Bourg et LECLAIR son compagnon :

Capitaines des Chouans; assassins et voleurs

7) HUET, fils jeune, au Bas Bourg :idem

 8) La femme CHERGAUD, marchande au Haut Bourg :

Commissionnaire des ennemis du gouvernement; vendeuse de cartouches; très dangereuse

9) Les deux soeurs TOURNEUR dites ‘Des Gourmettes’, chez la veuve Pellier au Haut Bourg :

Soeurs de Brigands; amies chaudes des prêtres réfractaires et de tous les ennemis du gouvernement

10) DUPUITS, Boulanger, femme et soeur

Confidents de Joseph Thélot et Roussel; refuge de tous les aristocrates

11) GUIHENEUF et femme, sabotiers au Haut Bourg et au Bas Bourg : Chouans, ennemis dangereux du gouvernement

12) Françoise PLESSIX, au Bas Bourg : Aristocrate très dangereux

13) LEFEUVRE, cordonnier et ses deux filles, à la Gicquelière : Apologistes des prêtres réfractaires; encouragent à la guerre civile

14) PINEL, serger au même village : idem, deux fils Chouans

15) MARTIN, maçon au même village : Chouan, indigne; voleur; receleur d’armes

16) Joseph BOISSEAU, farinier, au moulin de la Mausinière Chouan dangereux par ses propos anti-républicains; ami de Roussel

17) PRIOU, à la Jattière : Ami de Roussel; aristocrate dangereux

18) Louise DURANDIERE, au Plessix : idem

[Les Rousseau de la Meilleraie, père et fils, furent emprisonnés, puis libérés. Cette liste permets de vérifier que l'administration de Napoléon fut clémente avec les chouans modérés. Dés 1800, Terrier qui n'avait pas participé à la chouannerie 1798-1799 et Meslin, simple sympathisant, devinrent maires de leurs communes. Ils avaient, il est vrai, des compétences. L'un était médecin à Pannecé, l'autre était directeur des forges et de la fonderie de Riaillé.]

 

Lettre du Commissaire du Directoire Exécutif près de l’administration du canton au Commissaire près le département, du 29 germinal de l’an 6 [18/04/1798]

ADLA L325

Citoyen,

Je viens de prendre lecture d’une lettre écrite par le citoyen Vercher, agent de la commune de Riaillé au commandant de l’arrondissement qui vient de la communiquer à l’administration. Cet agent annonce une grande inquiétude tant pour lui que pour les patriotes de cette commune. Il dit qu’ils sont prévenus qu’une troupe de 30 à 40 voleurs et assassins ont projeté de faire incursion sur leur commune et même d’y massacrer les patriotes. Cette nouvelle qui s’est répandue a jeté parmi ces derniers la consternation et pour y remédier il sollicite du commandant une force suffisante pour dissoudre cette horde de Brigands, ses instances paraissent urgentes. Il serait peut être prudent de prendre des mesures de précaution car nous avons tout à craindre de nos ennemis communs. L’horrible massacre des patriotes qui a déjà eu lieu au commencement de la Révolution est un terrible exemple pour ceux qui y ont échappé. Je m’empresse de vous en faire part afin que nous puissions concourir à empêcher que le sang des Républicains ne soit de nouveau versé et à déjouer le projet monstrueux de ces cannibales. Cet agent annonce le danger imminent.

Salut et fraternité. [Signature illisible]

 

Noël Bouvet   le 1er mai 2001

 

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